Etude sur les accidents de cyclistes

Bruxelles Mobilité vient de rendre publique une étude intéressante et riche d’enseignements sur les accidents de cyclistes dans la région de Bruxelles. Puisse cette étude servir à améliorer la sécurité des cyclistes circulant en Touraine comme ailleurs en France…

[Etude] Camille Thiry (Bruxelles Mobilité) et Institut Vias. Accidents de cyclistes en Région de Bruxelles-Capitale. Analyse détaillée d’accidents corporels de cyclistes survenus en Région de Bruxelles-Capitale de 2010 à 2013. Bruxelles Mobilité, décembre 2017, 100 p.

Bruxelles Mobilité a mandaté le Vias Institute à faire une analyse des accidents cyclistes dans la Région. Il s’agit de la deuxième étude de ce type, après une première en 2004. Cela nous permet de comparer les typologies d’accidents, et de voir si les recommandations mises en œuvre depuis 2004 ont porté leurs fruits. Cela semble être le cas : par exemple la part des accidents avec portière a diminué fortement, suite à une mise en place (quasi) systématique de la zone tampon, même si cet accident reste le danger principal pour un cycliste urbain, à côté des chutes. Les accidents en giratoire ont presque disparu, suite à la suppression des pistes marquées dans l’anneau.

L’étude comprend un résumé non technique, une cartographie des accidents et une première analyse d’ « axes noirs vélo », ainsi qu’une analyse approfondie des différents types d’accidents.

Télécharger l’étude et retrouvez les autres documents thématiques dans la partie publications techniques de notre site.

Autres ressources documentaires en matière d’accidentologie vélo

[Dossier en ligne] FUB, Les accidents de vélo :  https://www.fub.fr/velo-ville/securite-routiere/accidents-velo

La pratique du vélo utilitaire est beaucoup plus sûre qu’on ne le croit. En ville, il n’est guère plus risqué de se déplacer à vélo qu’à pied ! Et en connaissant les pièges à éviter, vous pouvez, individuellement, réduire encore ce risque d’accident.

[Thèse de Doctorat ] Alice Billot-Grasset, IFSTTAR. Typologie des accidents corporels de cyclistes âgés de 10 ans et plus : un outil pour la prévention. Santé publique et épidémiologie. Université Claude Bernard – Lyon I, 2015, en ligne [consulté le 04/01/2018] : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01151586/file/TH2015BillotGrassetAlice.pdf

Résumé de la thèse

Dans de nombreuses mégalopoles, la progression de la part modale du vélo, par ailleurs soutenue grâce à des politiques publiques, crée un intérêt grandissant pour la sécurité des cyclistes qui représente un véritable enjeu de santé publique. La plupart des études sur le sujet utilisent des données officielles issues des forces de police. Cependant ces données sous enregistrent les cyclistes et tout particulièrement les victimes d’accidents seuls. En France, une étude menée sur le Registre médical du Rhône, quasi exhaustif en termes de chutes et de collisions à vélo, a permis d’estimer qu’un cycliste a 8 fois plus de chances d’être victime d’un accident, par heure passée sur la route, qu’un automobiliste. Cette même étude identifie un sur-risque d’accident chez les femmes.
Partant de ces constats, ce travail de thèse propose une image complète de l’accidentalité à vélo qui prend en compte les facteurs d’accidents identifiés dans la littérature et propose de comprendre comment le comportement du cycliste interagit avec eux. L’objectif de nos travaux est de décrire les configurations d’accident corporel pour proposer des actions en sécurité primaire ou secondaire. Pour ce faire, nous avons mené une enquête auprès de 3337 cyclistes accidentés en 2009-2011 et identifiés dans le Registre des victimes d’accidents de la circulation du Rhône. Sur la base d’un taux important de répondants, les analyses descriptives améliorent la connaissance en accidentalité cycliste, certains facteurs d’accidents étant scrutés pour la première fois par notre enquête. Par exemple,
  • 13% des accidents ont eu lieu lors de conditions météorologiques défavorables,
  • 14% alors qu’il faisait sombre,
  • 16% lorsque le cycliste circulait sur un aménagement cyclable,
  • 25% en intersection.

Ensuite, la contribution centrale est une typologie des accidents cyclistes construite sur 1078 répondants victimes d’accidents corporels de la circulation, la plupart souffrant de lésions de gravité mineure (90% inférieure à MAIS 3). Elle se compose de 17 configurations d’accidents :

  • 7 sur trajet utilitaire,
  • 3 en pratique loisir
  • et 7 en pratique sportive.

Au niveau méthodologique, la typologie repose sur des méthodes de classification automatique combinées à des décisions d’expert, fondées sur l’état de l’art de l’accidentologie cycliste, pour la sélection des variables, la détermination du nombre de classes, l’interprétation puis la discussion des résultats. Une Analyse des Correspondances Multiples confirme la robustesse de la typologie et la complète par une projection de variables illustratives ou supplémentaires révélant le rôle central du comportement des cyclistes, particulièrement dans les accidents seuls. A la suite des différentes analyses, le rôle du sexe du cycliste dans l’accident est apparu incertain, justifiant une étude approfondie des accidents à vélo à travers le prisme du genre. Pour ce faire, nous avons sélectionné les 444 accidents sur trajets utilitaires puis construit un modèle de régression logistique qui explique la probabilité que la victime soit une femme. Toute chose égale par ailleurs, lorsqu’un cycliste accidenté avait une charge sur son vélo, ne connaissait pas l’itinéraire emprunté, a chuté en montant/descendant du trottoir, il est plus probable que cette victime soit une femme. A contrario, la probabilité que la victime soit un homme augmente si la vitesse du cycliste était un facteur présent au moment de l’accident. Ces résultats sont confirmés et illustrés par des analyses des données textuelles effectuées sur des récits d’accidents. Une classification de ces récits selon la méthode Reinert a été utilisée pour construire d’autres typologies des accidents à vélo. La comparaison entre celle des hommes et celle des femmes montre que les deux groupes n’expérimentent pas les mêmes accidents. L’analyse révèle également qu’au sein d’un même type d’accident, les associations de mots sont différentes selon le sexe, ce qui souligne une perception différente de l’accident.

Dans un ultime volet, nous proposons un ensemble de mesures et d’idées visant l’amélioration de la sécurité des déplacements cyclistes ainsi que des perspectives de recherche en accidentalité à vélo qui combleraient les lacunes du travail proposé.