Places de livraison sur les pistes cyclables : le sabotage du Vélival ?
Il y a quelques jours sont apparues des places de livraison sur les pistes cyclables du Vélival avenue de la Tranchée à Tours-nord.
C’est une situation à la fois inédite et préoccupante pour les cyclistes, ces places de livraison n’étaient pas prévues dans le projet selon nos sources, mais surtout elles impliquent une discontinuité des itinéraires cyclables lorsque des véhicules sont stationnés dessus, là où, justement, le Réseau Cyclable Structurant (RCS) qu’est le Vélival doit permettre de circuler de façon continue, rapide et sécurisée.
Le fait est que les cyclistes empruntant l’avenue de la Tranchée seront, à cause des véhicules stationnés sur leur itinéraire, forcés de réintégrer la circulation générale, avec les problèmes de sécurité qui en découlent.
Qui plus est, matérialiser des places de stationnement, même si elles sont réservées à la livraison, c’est l’assurance de générer des dérives, arrêts minutes, stationnements.
Des discontinuités, il y en a déjà trop sur le territoire, soit sur les anciens aménagements cyclables qui systématiquement s’arrêtent avant les carrefours, soit là où, justement, il n’y a pas d’aménagements qualitatifs pour les vélos, on pense notamment aux boulevards Béranger et Heurteloup, ce dernier étant interdit à la circulation des cycles chaque année pendant plusieurs semaines durant les périodes festives, marché de Noël par exemple.
L’arrivée du Vélival dans la métropole était censée être la garantie que, progressivement, ces discontinuités seraient résorbées.
Comment en est-on arrivé là
La non prise en compte des besoins de livraison des commerçants ?
Rappelons que c’était déjà le cas avant l’aménagement des pistes cyclables du Vélival, à cet endroit aucune place de livraison n’existait, la logistique se faisait comme elle pouvait, souvent par du stationnement illégal(1) sur le trottoir, donc au détriment des piétons. Il en était de même pour les “arrêts minutes” des clients, parfois même sur ou en amont des passages piétons(2), sans que cela n’émeuve grand monde.
L’incompatibilité des moyens de livraison avec les zones urbaines denses ?
C’est un fait, les véhicules de livraison sont énormes, souvent longs de plus de 11 mètres et pesant jusqu’à 19 tonnes(3), ils ont du mal à circuler et à stationner en centre ville. Pourtant ce sont tous les jours de tels camions qui livrent les commerçants, encombrant les rues, les stationnements et les trottoirs, et générant des risques, du fait de leur gabarit, pour les autres usagers.
Quelles preuves faut-il pour montrer qu’ils n’ont rien à faire dans nos centres-ville ?
Malheureusement les faits nous le rappellent tristement, partout en France des cyclistes et des piétons sont tués chaque année par des poids lourds, et, très récemment, Tours a vécu un drame mortel de ce type, sur le Vélival justement, rue Marceau.
Des solutions sécurisantes sont possibles
Le Collectif Cycliste 37 a aussitôt pris position sur cette situation et sur les graves problèmes qu’elle cause en termes de sécurité, nous avons demandé que les marquages, illégaux au demeurant(4), soient retirés.
Fort heureusement les usagers du vélos ont été écoutés et ces places seront déplacées prochainement.
Nous demandons aussi que la ville, grâce à l’action de la police municipale, veille au respect des aménagements cyclables sur l’ensemble du Vélival.
En parallèle, la ville doit organiser une concertation et tout mettre en œuvre pour créer des solutions de stationnement pour les livraisons, respectueuses de tous les usagers, afin que les commerces puissent continuer sereinement leurs activités. Le Collectif Cycliste 37 est prêt à contribuer, notamment s’il doit impacter sur les aménagements cyclables.
Il n’est plus acceptable que des décès et des blessures graves surviennent dans la métropole
Au fond, c’est toute la stratégie du dernier kilomètre qui doit être repensée pour, à terme, éviter la circulation des camions de plus de 3,5 tonnes dans les zones fortement urbanisées.
La logistique urbaine des livraisons doit devenir une priorité de la municipalité, car, sans réduire la taille des véhicules et leur trafic, impossible de réduire suffisamment les risques pour tendre vers la “Vision Zéro”, stratégie destinée à mettre en place un système sûr permettant d’atteindre zéro décès et zéro blessé grave.
Les piétons et les cyclistes sont les premiers clients des commerces de proximité
Il est important de préciser que, malgré sa prise de position quant à l’avenue de la Tranchée et les modes de livraison, le Collectif Cycliste 37 n’est pas opposé à l’activité commerciale de proximité.
Bien au contraire, nous rappelons que les cyclistes font partie des premiers clients des commerces du centre ville, les études nationales sur le sujet le montrent que 64 % des clients des petits/moyens commerces de zone urbaine sont des piétons et des cyclistes (contre seulement 24 % des automobilistes)(5).
Et ils seront d’autant plus nombreux si, à proximité desdits commerces, sont présentes des infrastructures permettant leurs déplacements sécurisés et le stationnement des vélos.
Un rappel important donc, pour développer et pérenniser le commerce en centre ville, il ne faut pas se tromper de cible : les clients sont les habitants, et ils se déplacent majoritairement à pied, à vélo et en transport en commun.
Notes
1 Stationnement très gênant, article R417-11 du Code de la route.
2 Stationnement très gênant également.
3 Renault Trucks D Wide, PTAC 16 t, PTRA 30 t.
4 Article R417-11 du Code de la route.
5 CEREMA – Août 2019 – Fiche n° 37 – Mobilité et commerces – Quels enseignements des enquêtes déplacements ?
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