Ce soir, j’allume ma ville !

Un récit de cette soirée mémorable du samedi 9 juillet 2016, où se déroula la 2ème édition de la balade des lucioles.

Vingt heures tapantes ! Au sud de Tours, impasse Nadaud, une dizaine de personnes concentrées, menées tambour battant par l’énergique Joël, passe à l’action. Après plusieurs semaines de travail en équipe, tout est prêt : les tee-shirts gratuits « Ce soir, j’allume mon vélo » de l’agglomération Tours Plus, classés par taille, les gilets jaunes du Collectif Cycliste 37, les dépliants d’information et surtout, surtout, les bambous et les lampions. Tout doit être chargé, soit dans les sacoches ou les paniers, soit dans la remorque à vélo, pour être conduit à la gare d’où part le grand événement.

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Le Collectif Cycliste 37 est en marche pour sa « Balade des Lucioles », deuxième édition, avec un message sérieux : la sécurité du cycliste la nuit passe par un bon éclairage – « Il ne suffit pas de voir, encore faut il être vu » – mais avec aussi une grosse, grosse envie de faire la fête.

Parvis de la Gare

Ils sont près d’une vingtaine maintenant, au n°16 de l’impasse, à se passer câble électrique et pinces coupantes pour fixer les longues tiges sur les cadres des vélos, allumer les lampions accrochés à leur bout, et finir de charger le matériel. Il n’est pas loin de vingt-et- une heure, le cortège équipé se met en branle: ce soir, le CC37 investit la ville. Et elle soupire d’aise, la ville, dans la douceur enfin retrouvée d’une des toutes premières vraies soirées d’été de l’année. La troupe remonte l’avenue du Général De Gaulle, salue le tram qui croise à  l’angle du Bd de Lattre de Tassigny, file vers la Place Neuve où un groupe de musique régale les passants qui se balancent.

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Les piétons observent, curieux, bienveillants, ces cyclistes harnachés drôlement. Les voitures ralentissent, surprises dans leur domination de l’espace par cet encombrement inattendu des vélos. Il fait bon. La ville frémit, alanguie toutefois par le crépuscule ; le groupe, lui, part à l’assaut de la gare.  Le voilà maintenant le long de la voie du tramway, qui s’avance jusqu’à la Place du Général Leclerc et s’y pose. Tours, parvis de la Gare donc. Les équipes de bénévoles sont en place pour distribuer et fixer sur les bicyclettes des participants la cinquantaine de lampions qui ont été préparés et attacher sur les vélos  des enfants les ballons qui ont été gonflés.

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Une autre équipe distribue les dépliants sur l’éclairage des vélos et les activités de l’association. Parce que les voilà qui arrivent, les participants ! Nathalène, et son vélo-poussin, Sylvain et sa perruque verte, Céline et sa paire d’ailes dans le dos…

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D’autres déboulent qui ont enroulé des guirlandes sur le cadre de leur engin. Là, cette fois, des loupiotes de toutes sortes ont été fixées sur les câbles des freins. Le jour s’éteint doucement et les lucioles jusque-là discrètes, s’éveillent imperceptiblement. Le groupe, sur l’esplanade des voyageurs, grossit, prend ses aises. Bientôt une centaine de personne ont rejoint la bande à Joël: il est vingt-deux heures. Les adultes conversent, attendent le signal du départ. Les enfants patientent, sagement, ce qui est déjà beaucoup.

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Un peloton de cent vingt personnes

La nuit s’étale maintenant et les lucioles brillent franchement. La Balade peut se mettre en route.  Tours, ville au cœur du circuit de « La Loire à vélo », n’a qu’à bien se tenir. La devise du cycliste courtois est rappelée au porte-voix par Fabien, salarié du Collectif : « On avance dans le respect du code de la route et des piétons ! » Rue de Bordeaux, Rue Nationale, Pont Wilson…

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Les enfants suivent vaillamment, les adultes pédalent et papotent, les voitures klaxonnent plutôt complices, les consommateurs des terrasses lèvent le nez, les piétons jettent un œil ou s’arrêtent, sourient, interrogent… « C’est la Balade des Lucioles ! » lance Joël en tête du cortège. « Cling-cling », « pouët-pouët », ça klaxonne, ça rigole, ça s’interpelle : « Bon appétit ! » par ci, « Bonsoir » par là… Il y a aussi des mauvais coucheurs… Bon. « Cling-cling », « pouët-pouët », « Bonsoir » quand même. Au bout du cortège, les deux Xavier sur leurs vélo-balais rappellent à l’ordre les retardataires. Quai Paul Bert, le peloton s’étire puis sur le Pont de fil éclairé de bleu, l’émerveillement saisit. Le coup d’œil est magique. Sur la droite, en contrebas, les reflets sur la Loire imperturbable. Au dessus, le Pont Wilson illuminé. Devant la Grande Roue. Et sur la gauche, qui se dresse par-delà les toits, la cathédrale.

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Quai Malraux, accrochés dans l’obscurité, la lune descendante et Jupiter font face et veillent sur la troupe. Oui, c’est Jupiter, c’est Marie-Ange qui l’a dit ! Elle est sûre ! Sur son vélo, comme une dizaine d’autres bénévoles, elle assure la sécurité aux points sensibles. A chaque croisement en effet, un adhérent chevronné adoubé pour la circonstance, fait patienter les voitures, renseigne les piétons. Les « baladeurs », ainsi mis en confiance, se lâchent. « Tous à vélo ! » crient-ils aux passants. A l’arrière d’un véhicule, une jeune-fille enthousiaste se penche à la portière « C’est trop bien, la prochaine fois, on sera avec vous ! ». Et le peloton avance encore. Place du Monstre, il fait la boucle, encercle les terrasses, chahute ! Un camion de pompiers déboule… pour distribuer des invitations à leur Bal du 13 juillet, parvis de la caserne Chassagne ! « Cling-cling », « pouët-pouët » Rue Chanoineau . « Bonsoir ! » Boulevard Béranger… Rue de Bordeaux enfin, à pleine voix : « Vous êtes fatigués ? », « On n’est pas fatigués ! », scandent encore et encore les plus jeunes du peloton. Jusqu’au parvis de la Gare où ceux qui sont arrivés applaudissent au fur et à mesure ceux qui arrivent encore. Joël remercie. Hip, hip, hip pour Joël ! Et rendez-vous en 2017 ? Chiche !

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