Les mesures de confinement ont entraîné un effondrement du trafic individuel motorisé. L’espace libéré offre des possibilités d’aménagements cyclables temporaires pour les cyclistes qui sont obligés de se déplacer. Quelles sont les opportunités de mise en place de tels aménagements ?
En France, les mesures de confinement limitent les déplacements au strict minimum : trajets liés aux professions dont l’activité doit être poursuivie (santé, livraison, production, chantier, enseignement…), auxquels s’ajoute une liste très réduite de déplacements non professionnels encadrée par décret.
Tant qu’il existe un risque de contamination du covid 19, pendant et après le confinement, l’usage intensif des transports publics reste problématique, car il impose très souvent une faible distance interpersonnelle, sans compter la probabilité importante de toucher une surface contaminée par un autre passager.
Ces mesures ont logiquement entraîné un bouleversement des conditions de circulation : le trafic individuel motorisé et la fréquentation des transports publics ont diminué massivement, et ce dans toutes les agglomérations françaises.
Conscientes de cette situation inédite, plusieurs métropoles mondiales ont mis en place des aménagements cyclables temporaires, pour améliorer les conditions sanitaires de déplacements des cyclistes qui doivent se déplacer, en augmentant notamment les distances interpersonnelles latérales. Quelles sont les opportunités de mises en place de tels aménagements en France ?
Berlin
Dans le quartier de Kreuzberg, la Zossenerstrasse a été aménagée fin mars 2020 avec une bande cyclable temporaire équipée de balises d’alignement. Fort de cette expérience positive, la ville de Berlin a depuis étendu le dispositif à une demi-douzaine d’autres rues et a intégré ce type de dispositif dans ses recommandations officielles.
Bogota
La ville de Bogota a ouvert 76 km de pistes cyclables temporaires (ouvertes entre 6h et 19h30), afin de réduire la fréquentation des transports publics et ainsi lutter contre la propagation du covid-19. Sur la Carretera 7 (ci-contre, © Mary Bottagisio), une piste cyclable bidirectionnelle a été installée en lieu et place de la voie de gauche d’une artère à 2X3 voies.
Oakland
La municipalité a décidé d’interdire, à partir du 11 avril 2020, 120 km de voirie au trafic motorisé non résidentiel pour encourager la distanciation physique entre les usagers et conserver la possibilité pour les citoyens d’avoir une activité physique, les parcs publics étant soit fermés, soit saturés.
Cette mesure intervient en anticipation d’une démarche globale d’apaisement de la circulation déjà programmée.
Et en France ?
Ces mesures sont déjà en vigueur dans de nombreuses villes hors hexagone. En France, le potentiel est également considérable : le trafic motorisé a subi des baisses comprises entre 60 et 90 %, ce qui libère une place importante pour les modes actifs.
Le besoin est d’autant plus grand que de nombreuses infrastructures cyclables ont été interdites à tort aux cyclistes au motif qu’elles ne servirait que pour faire du sport ou se promener. La création d’aménagements cyclables sur les voiries parallèles est donc une solution pour maintenir la possibilité d’utiliser le vélo pour des raisons utilitaires dans des conditions satisfaisantes. De plus, la forte baisse de trafic s’est traduite par une augmentation importante des vitesses, ce qui ajoute à l’urgence de sanctuariser des espaces pour les cyclistes en réduisant ceux ouverts aux usagers motorisés.
Réduire le nombre de voies motorisées
Le maintien de plusieurs files de circulation dans le même sens ne se justifie plus dans l’immense majorité des cas pendant la période de confinement. La réserve d’espace générée peut être mise rapidement à profit pour créer des espaces larges et sécurisés, mais également réversibles, pour les cyclistes qui doivent continuer de circuler.
Un cadre juridique favorable
Les artères urbaines à 2X2 ou 2X3 voies sans stationnement motorisé latéral sont particulièrement adaptées pour accueillir de tels aménagements.
Il n’existe aucune opposition juridique à une telle initiative. Il s’agit d’un changement d’exploitation de la voirie exigeant la prise d’un arrêté de circulation par l’autorité investie du pouvoir de police, au même titre que les autres mesures de police.
Élargir les aménagements cyclables existants
Les aménagements cyclables existants n’offrent pas toujours la largeur nécessaire à une circulation dans les meilleures conditions sanitaires. Souvent, de l’espace peut être gagné sur les voies adjacentes, sans nécessairement modifier le nombre de voies (exemple ci-contre).
Modifier le plan de circulation
La baisse très forte de flux motorisé peut être également l’occasion de tester des modifications du plan de circulation pour libérer de l’espace, ou d’accélérer des opérations déjà programmées (voir Oakland plus haut).
Utiliser le matériel réglementaire de signalisation de chantier
Comme tout aménagement temporaire, l’aménagement cyclable doit être créé avec le matériel habituellement utilisé en cas de chantier sur la voirie publique, en particulier lors du rétablissement de continuité cyclable.
Des balises d’alignement ou des séparateurs modulaires de voie (ci-dessous) peuvent être utilisés pour séparer les cyclistes du trafic motorisé.
Il est à noter que la signalisation des aménagements cyclables, temporaires ou non, peut se faire à l’aide de la seule signalisation verticale (panneaux) ou de la seule signalisation horizontale (marquage au sol).
Lire la suite sur le site du CEREMA
Créer votre compte sur le site du CEREMA et accéder (souvent gratuitement) à l’immense centre de ressources du CEREMA !
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.