Natacha, couturière à Tours en zéro déchet et bio depuis juin 2018, est devenue cyclo-entrepreneuse depuis le mois d’août 2020. Elle a choisi un vélo et une remorque pour transporter et vendre ses créations en direct sur deux marchés à Tours, le tout sans assistance électrique et avec une remorque de 110 kg en charge.
Elle présente ses produits chaque samedi matin et le premier mercredi du mois au marché Bio de Beaujardin et les dimanches au marché Rabelais (s’il ne pleut pas ☺). Son entreprise s’appelle Natacha Couture (lien vers son site internet : http://natachacouture.fr/ ) et elle a nommé sa remorque Marcotte La Roule-Hotte.
Natacha a bien voulu se prêter à une interview pour nous expliquer son choix pour la cyclo-mobilité et pour nous faire partager son expérience.
« L’aspect écologique qui m’a poussé à réfléchir à une autre mobilité que celle de la voiture »
CC37 : Natacha, pouvez-vous nous dire ce qui vous a amené à la cyclo-mobilité dans le cadre de votre activité professionnelle ?
Natacha : depuis le début de mon activité de couturière, en juin 2018, j’utilisais la voiture familiale, un Kangoo, pour installer mon stand sur les marchés. Le fait de ne parcourir que 250 mètres entre mon domicile et le marché Beaujardin me déprimait à cause de la pollution que cela engendrait pour si peu de distance parcourue. Cela allait à l’encontre de mon désir de participer au développement durable et n’était pas cohérent avec mon engagement pour la promotion de l’usage de produits biologiques. C’est donc clairement l’aspect écologique qui m’a poussé à réfléchir à une autre mobilité que celle de la voiture.
« Des solutions de déplacement à explorer dans le domaine du cycle »
Entre 2002 et 2012, avant de passer mon permis voiture, je faisais la totalité de mes déplacements à vélo. J’avais déjà une bonne expérience de la pratique du vélo et c’était pour moi un mode de déplacement très plaisant. Le vélo me permettait d’avoir un vrai moment de déconnexion après le boulot, contrairement à la voiture que je trouve très stressante. En entendant parler de plus en plus de vélos-cargo et en voyant des femmes de petit gabarit transporter aisément plusieurs enfants avec des triporteurs sans assistance électrique dans le centre de Tours, je me suis dit qu’il y avait des solutions de déplacement à explorer dans le domaine du cycle. J’avais d’abord pensé au triporteur, mais je voyais bien que j’allais être vite limitée pour la longueur d’étalage de mon stand. C’est en m’inspirant de l’exemple d’un boulanger Bio se déplaçant avec un grand stand sur une remorque attelée à un vélo qu’est né le projet de déplacement à vélo de mon stand sur une grande remorque.
L’aspect pratique m’a également décidé à aller vers cette solution. Auparavant, je dépensais beaucoup d’énergie et de temps en manutention pour installer mon stand sur les marchés et pour chercher une place de stationnement à proximité pour le Kango. Maintenant, je n’ai plus à chercher un stationnement ni à transbahuter les 4 tréteaux, les 3 planches, le parasol et les caisses de marchandises. Je n’ai plus besoin de me trimbaler le pied de parasol de 12 kg, car un système de fixation est déjà incorporé dans la caisse de mon stand et mon dos me remercie !
Avec cette solution cyclo-mobile je réalise un gain de temps de 10 à 15 minutes par rapport à la solution du Kangoo.
Tableau de comparaison des temps à la suite du changement de mode de déplacement avec comme exemple le trajet entre mon domicile et le marché Rabelais soit 2,8 km :
« Je transforme mon temps de transport en temps de sport et de détente »
CC37 : quel bilan faites vous de votre usage du vélo avec la remorque ?
Natacha : je suis très satisfaite de cette solution cyclo-mobile. Je ne vais pas très vite, environ 8,5 km/h de moyenne avec les arrêts aux feux en ville, mais c’est faisable sans trop de courbatures ! Et pour être honnête, ça ne tire même pas sur les mollets bien que la remorque et son chargement pèsent 110 kg ! J’utilise uniquement les petites vitesses. Pas besoin de forcer, il suffit de démarrer tout doucement, un peu comme pour le démarrage une locomotive et ensuite, il s’agit juste de maintenir la vitesse de croisière. Cela apprend l’art d’anticiper les passages aux feux et à réduire un peu sa vitesse en attendant que le feu passe au vert pour ne pas avoir à s’arrêter !
Ce mode de déplacement me permet de faire une activité physique qui me convient. Je préfère dépenser de l’énergie et du temps à pédaler plutôt qu’à faire de la manutention inutile. Je transforme finalement mon temps de transport en temps de sport et de détente et je le fais à mon rythme.
La conduite est aisée, mais il faut cependant être vigilant par rapport au gabarit de la remorque pour ne pas télescoper les bordures ou les poteaux. Cela demande de l’anticipation à l’approche des obstacles. J’ai installé deux rétroviseurs sur le guidon de mon vélo pour mieux voir ce qui se passe derrière et rendre la conduite plus sécurisée. Et avec deux bons freins à disques montés sur les roues de la remorque, je n’ai aucun problème de freinage.
Concernant les pneus de la remorque et du vélo, j’ai appris à contrôler régulièrement la pression. Des pneus sous-gonflés freineraient mes déplacements et augmenteraient les risques de crevaison. Lorsque je stationne la remorque chez moi, je la mets sur cales un peu comme pour une caravane, afin de ne pas avoir à regonfler les pneus trop souvent et pour les conserver en bon état le plus longtemps possible, car la remorque pèse son poids et elle est constamment chargée.
Investissement et financement
CC37 : quelle somme avez-vous investie pour la réalisation de votre stand sur la remorque ?
Natacha : environ 1640 € soit 1100 € pour la remorque, fournie avec les freins etc., 40 € d’équipements sur mon vieux vélo (béquille, rétroviseurs, pompe à pieds), environ 500 € pour la caisse du stand, d’autres petites dépenses et 2 semaines de travail à temps plein à ne faire que cela avec mon ami ! Je n’ai pas établi de prévisionnel d’amortissement, mais je considère que cela est déjà rentable !
CC37 : concernant le financement, avez-vous pu bénéficier de subventions ou d’aides de l’état ou d’organismes ?
Natacha : à vrai dire j’ai lancé mon projet en plein confinement alors je n’ai pas osé chercher des subventions. Je suis allée au plus court avec un financement participatif via la plateforme de financement participatif Miimosa spécialisée dans les projets en rapport avec l’agriculture biologique. Dans l’absolu, je souhaitais attendre les élections municipales, mais tout mon calendrier a été chamboulé. J’ai décidé de garder le calendrier en me débrouillant sans les aides et uniquement avec mes amis et clients.
CC37 : quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui projette de devenir cyclo-entrepreneur ?
Natacha : de se lancer !!!!!!!!!!!!! ☺
UN STAND OPTIMISÉ, PEU ENCOMBRANT ET TRÈS MOBILE
DES PRODUITS CRÉÉS DANS UNE OPTIQUE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE
QUELQUES EXEMPLES DES CRÉATIONS DE NATACHA
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L’ART DE NATACHA POUR LE RANGEMENT ET LA CYCLO-MOBILITÉ
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QUELQUES POINTS TECHNIQUES IMPORTANTS CONCERNANT LA REMORQUE
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CARACTÉRISTIQUES DE LA REMORQUE
Fabricant de la remorque : https://www.etincelle-metallerie.fr/remorques
Encombrement de la remorque : largeur hors-tout 150 cm
Poids de la remorque à vide : 25 kg
Freins à disque sur chaque roue
Type d’éclairage : feux arrière à piles
Pneus : modèle Schwalbe Big Ben Plus
CARACTÉRISTIQUES DES OBJETS TRANSPORTÉS DANS LA REMORQUE
Poids de la caisse du stand : 40 kg
Poids du parasol : 12 kg
Poids des marchandises + autres objets : entre 30 et 40 kg
EXEMPLES D’ENTREPRENEURS À VÉLO EN FRANCE
Si vous aussi vous avez envie de devenir cyclo-entrepreneur, nous vous invitons à consulter le site internet Les Boîtes à vélo – France : https://lesboitesavelo.org/
Dans l’annuaire, vous pourrez consulter la fiche des 139 cyclo-entrepreneurs adhérents à cette association. Vous y découvrirez notamment les photos de leurs équipements en cycles et cycles-cargo.
PROGRAMME VISANT À PROMOUVOIR LA CYCLO-MOBILITÉ PROFESSIONNELLE AUPRÈS DES MICROENTREPRISES SUR L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE FRANÇAIS
Programme Ma Cycloentreprise : https://macycloentreprise.fr/
Auteur de l’article et crédits photos : Benoît Bourdache – Bénévole au CC37
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