Extrait du reportage de Vanessa Descouraux et Laurent Lucas pour le magazine Interception sur France Inter intitulé « Municipales, l’échappée belle du vélo » et diffusé le 1er mars 2020.
« Le niveau d’exigence augmente pour de vrais aménagements, séparés et continus »
Olivier Schneider : « L’intérêt des habitants des cœurs des métropoles pour le vélo ne faiblit pas mais, par contre, la crise des gilets jaunes étant passée par là, les habitants des petites villes ou du périurbain disent : « Mais attendez, nous aussi on souhaiterait se déplacer sur des distances courtes et moyennes de 2 à 5 km [à vélo]. Et 35 % des déplacements, que l’on soit en milieu rural, périurbain ou en ville dense, font de 2 à 5 km. Mais ils disent : « Aujourd’hui, en ville, c’est faisable mais chez nous ce n’est pas faisable ! »
Aujourd’hui, le paradigme a changé : il y a besoin de plus d’aménagements mais il y a aussi besoin de plus de qualité de service. Il faut des vrais aménagements, séparés et continus. Et ça, on le voit parce que les notes au Baromètre [des villes cyclables] baissent dans les endroits où rien n’a changé. Cela veut dire que le niveau d’exigence augmente parce qu’il y a une prise de conscience sur le fait que c’est un sujet sérieux et qu’il ne suffit pas de prendre un petit peu de peinture et de mettre un petit picto vélo et de dire : « Voilà, c’est ça votre piste cyclable ! »
« On a un problème de dépendance à la voiture »
Vanessa Descouraux : Sauf que là on arrive au cœur du problème, c’est-à-dire l’éventuelle frilosité des élus. Parce que, d’un côté, l’on a bien compris que promouvoir le vélo, ça, personne ne disait l’inverse, mais de l’autre côté, toucher à la place de la voiture, c’est autre chose quand on est élu. Vous n’êtes pas dupe devant cette situation toute humaine qu’elle est…
Olivier Schneider : C’est l’enjeu numéro Un : dès lors que l’on a pris de problème du vélo au sérieux, il faut admettre que l’on a un problème de dépendance à la voiture. Les élus, jusqu’à présent, avaient peur que d’avoir cette attitude les discréditerait auprès d’une partie de leur électorat. Je pense qu’ils doivent prendre conscience du fait que cette partie existe mais qu’elle est de plus en plus faible. D’autre part, j’appelle au courage politique : c’est un combat facile à gagner. »
« En France, grâce à la solution vélo, c’est un combat facile à gagner »
« Moi, je n’ai pas d’idée pour réduire les inégalités entre les milliardaires et les […] personnes qui n’ont que quelques dollars par jour, je n’ai pas d’idée [miracle pour limiter] le réchauffement climatiques et l’épuisement des ressources mais je pense que si l’on arrive à faire en sorte que les enfants puissent jouer dans la rue et [puissent] aller au collège à vélo, on aura gagné un premier combat. Et peut-être que cela nous donnera des idées pour ces grands enjeux sur lesquels on n’a vraiment pas le temps [d’agir]. Donc on a intérêt à aller très vite sur le vélo, pour ensuite se consacrer à ces enjeux encore plus grands. »
Olivier Schneider, président de la FUB, 6 février 2020.
Pour aller plus loin
[reportage] « Municipales, l’échappée belle du vélo », France Inter, 1er mars 2020
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