Face aux violences motorisées, la FUB prend position

Mardi 15 octobre 2024 à 17h45, Paul Varry, 27 ans, a été tué intentionnellement par un automobiliste alors qu’il rentrait du travail à vélo. Sa mort a provoqué une vive émotion dans la société. Les associations membres de la Fédération des Usagères et usagers de la Bicyclette (FUB) ont organisé 300 rassemblements partout en France le samedi 19 octobre.

Depuis les témoignages affluent dans les médias, sur les réseaux sociaux. La plateforme « Stop Violences Motorisées » lancée par la FUB a récolté en quelques jours plus de 15 000 signatures de personnes appelant à agir contre les violences motorisées, afin que celles-ci ne soient plus considérées comme des incidents isolés et souvent minimisés. A ce jour, près de 3 000 témoignages ont été déposés sur la plateforme.

Le terme « violences motorisées » désigne l’ensemble des actes de violence commis par les personnes conduisant un véhicule motorisé, qu’ils soient intentionnels ou résultant de comportements dangereux sur la route. Ces violences affectent particulièrement les usager·ères vulnérables, telles que les personnes se déplaçant à vélo ou à pied. Elles incluent des agressions physiques directes (frôler, percuter) ainsi que des comportements menaçants ou intimidants pouvant mettre en danger autrui. Contrairement aux infractions routières ordinaires, les violences motorisées traduisent une dimension de mise en danger délibérée ou une absence manifeste de respect des autres usagers.

L’étude des 2 650 premiers témoignages collectés confirme la gravité des faits subis au quotidien par les cyclistes (6T Bureau d’étude, 2025). La voiture est explicitement citée dans 71 % des témoignages, et 49 % des événements relatés font état de violences physiques (« frapper », « faucher », « percuter », « coups ») ou de conséquences physiques des violences (« chuter », « tomber »). La présence d’enfant(s) n’est pas un frein à la violence : 1 témoignage sur 10 mentionne leur présence, soit plus que la part des trajets d’accompagnement dans l’ensemble des trajets réalisés à vélo en France établie à 7,5 % (Ministère de la Transition écologique, 2021). Autre fait marquant, un quart des violences ont eu lieu sur un aménagement cyclable, pourtant censé assurer la protection des cyclistes.

Dans un contexte de réémergence de la pratique du vélo, ces faits de violences physiques et/ou psychologiques ne peuvent plus être ignorés. L’augmentation du nombre de cyclistes implique pour tous les usager·ères d’accepter le principe de partage de la route. Le développement de l’usage du vélo, souhaité par l’Etat, implique le rééquilibrage de l’espace public, des évolutions du code de la route ainsi que des politiques d’éducation, de prévention et de sanction adaptées.

A côté de ces violences, la FUB n’ignore pas que les incivilités des cyclistes sont régulièrement dénoncées et considère qu’aucun mode de déplacement n’en est exempt par nature. Les incivilités et infractions au code de la route doivent pouvoir être sanctionnées au regard notamment de la distinction entre ce qui est une atteinte à sa propre sécurité et ce qui est une atteinte à la sécurité pour les autres (Figure 1).

Les morts et blessés graves sur la route ne doivent plus être considérés comme une fatalité. La FUB plaide pour que la France adopte pleinement la « Vision Zéro » en intégrant une approche systémique qui vise à éliminer les risques à la source. Des infrastructures sécurisées, une réduction généralisée des vitesses ainsi que des normes de sécurité renforcées pour les véhicules doivent garantir qu’aucune erreur humaine ne mène à des conséquences graves.

Par cette note de position, la FUB propose 10 finalités traduites en propositions pour lutter contre les violences motorisées en changeant les comportements et les aménagements.

Changer les comportements

  1. Prendre la mesure des violences motorisées et évaluer la réponse des autorités
  2. Mieux prévenir, poursuivre et sanctionner les comportements violents sur les routes
  3. Favoriser la cohabitation par une réduction de la vitesse
  4. Former une génération prudente et respectueuse sur les routes
  5. Agir spécifiquement envers les hommes, principaux auteurs des violences motorisées
  6. Proscrire les messages incitant à la violence routière

Changer les aménagements

7. Renforcer les législations existantes pour des aménagements cyclables sûrs
8. Créer une culture d’évaluation de la qualité de nos aménagements
9. Renforcer le poids des expertises publiques pour orienter les gestionnaires de voirie vers des aménagements sûrs pour les cyclistes
10. Ne plus faire de la vulnérabilité des cyclistes aux intersections une fatalité

Pour en savoir plus