Le ministère de l’Intérieur a annoncé, contre l’avis de la majorité des membres des instances de sécurité routière, la fin du retrait de points en cas d’excès de vitesse inférieur à 5 km/h. Cette mesure démagogique est contradictoire avec les ambitions gouvernementales en matière de transition écologique, de justice sociale et de développement de l’usage du vélo.
Le ministre de l’Intérieur a annoncé le 20 avril dernier vouloir abroger la règle de sécurité routière consistant à retirer un point sur le permis des personnes sanctionnées pour un excès de vitesse de 1 à 5 km/h sur la vitesse retenue (après retrait de la marge technique). Cette mesure est dangereuse pour les piétons et les cyclistes, qui sont les plus vulnérables face aux infractions routières. Ainsi, le risque pour un piéton ou cycliste d’être tué par un automobiliste à 40 km/h est multiplié par 2 par rapport à 30 km/h [1]. L’augmentation de la vitesse accroît dans tous les cas le risque d’accident, avec l’allongement de la distance totale d’arrêt (distance parcourue durant le temps de réaction, puis distance de freinage). Ces dépassements de 10km/h sont exactement le “petit” excès que le gouvernement va banaliser, puisqu’il suffira de s’acquitter d’une amende, sans risquer son permis.
Olivier Schneider, président de la FUB et président de la commission Partage de la Route du Conseil National Sécurité Routière, déclare :
“Le signal de banalisation du facteur vitesse, est un véritable recul pour la sécurité des usagers de la route. Que va dire le ministre de l’Intérieur à des parents ou des proches de victimes renversées alors que le conducteur commettait un “petit excès” de vitesse ?”
Par cette mesure, M. Darmanin ouvre la voie à un détricotage du permis à points pourtant destiné à nous rendre toutes et tous égaux face au code de la route. Le laxisme dont fait preuve le ministre est profondément inégalitaire puisque l’amende est maintenue : à partir de janvier 2024, ceux qui en auront les moyens pourront désormais rouler à 40 km/h en zone 30, à 60 km/h en ville et surtout à 90 km/h sur les départementales limitées à 80 km/h sans risquer leur permis, faute de retrait de points. Pour rappel, sur 244 cyclistes tués, 137 l’étaient hors agglomération.
Par ces annonces démagogiques, le ministre de l’Intérieur confirme son opposition à l’amélioration de la sécurité de tous les usagers de la route. Avec l’augmentation de la vitesse des véhicules motorisés, cyclistes et piétons des rues comme des routes de campagne paieront un lourd tribut, aggravant ainsi les tendances observées dans les derniers chiffres de la sécurité routière.
Face au défi de la transition écologique, tout doit être fait pour sécuriser les modes de transport décarbonés dont le vélo. Cela passe nécessairement par une maîtrise des vitesses, condition sine qua none d’une cohabitation apaisée des usagers sur la route. Cela passe également par un investissement massif dans des infrastructures qui sécurisent la pratique du vélo, notamment les réseaux de pistes cyclables en site propre (séparées de la chaussée).
[1] Vitesse et mortalité, Sétra – Savoirs de base en sécurité routière, mars 2006
Source : FUB, mai 2023.
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