Gonéri Le Cozannet et Valérie Masson-Delmotte ont compilé en mai 2022 les références au vélo dans le 6ème rapport du GIEC et ont créé une présentation intitulée Le vélo dans le 6ème rapport du GIEC. Cette présentation d’une vingtaine de pages contient des éléments principalement issus des contribution des groupes de travail II et III au sixième rapport d’évaluation du GIEC.
Le sixième rapport d’évaluation du GIEC
Au cours de ce cycle, le Groupe d’experts a établi à ce jour trois rapports spéciaux et un rapport méthodologique sur les inventaires nationaux de gaz à effet de serre. Il travaille actuellement au sixième rapport d’évaluation.
À sa quarante-troisième session, en avril 2016, le GIEC est convenu que le rapport de synthèse afférent au sixième rapport d’évaluation serait achevé en 2022, à temps pour le premier bilan mondial prévu au titre de la CCNUCC. Il s’agira pour les pays d’évaluer les progrès accomplis en vue de réaliser leur objectif qui est de contenir le réchauffement mondial bien en deçà de 2 °C, tout en poursuivant l’action menée pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C. Les contributions des trois groupes de travail seront prêtes en 2021.
Principaux liens (en anglais seulement)
- Programme de planification stratégique (en attente)
- Rapport de synthèse afférent au sixième Rapport d’évaluation
- Contribution du Groupe de travail I au sixième Rapport d’évaluation
- Contribution du Groupe de travail II au sixième Rapport d’évaluation
- Contribution du Groupe de travail III au sixième Rapport d’évaluation
Les groupes de travail du GIEC
Le GIEC est organisé en trois groupes de travail :
- le groupe de travail n° 1 étudie les aspects scientifiques du changement climatique ;
- le groupe de travail n° 2 étudie les conséquences, la vulnérabilité et l’adaptation, pour les systèmes socio-économiques comme pour les systèmes naturels ;
- le groupe de travail n° 3 étudie l’atténuation du changement climatique.
Texte de présentation de Gonéri Le Cozannet
Il y a de très nombreuses références au vélo dans le 6ème rapport du GIEC. Avec l’aide de nombreux collègues, Valérie Masson-Delmotte et moi avons rassemblé ces éléments dans la présentation ci-dessous. Tous les messages de la présentation ci-dessous sont issus des rapports du 6ème rapport du GIEC, principalement des groupes 2 et 3. Merci à nos collègues d’avoir réuni ces évidences scientifiques. Les traductions en français de ces messages n’engagent que moi !
Avant de parler vélo, le constat est que le secteur des transports, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, n’est pas soutenable. En France, 53% des émissions de gaz à effets de serre sont liées à la voiture individuelle, et 80% sont dues au trafic routier (source : Haut conseil pour le climat). Or, le vélo, électrique ou non, permet de réduire les émissions de CO2. Il s’agit d’une contribution modeste à l’effort total de décarbonation de l’économie, mais elle est très peu onéreuse. Cela dit, à l’échelle individuelle, vivre sans voiture est la mesure qui a le potentiel le plus important en termes de réduction d’empreinte carbone. Et surtout, remplacer les petits trajets en voiture par le vélo a de nombreux avantages supplémentaires.
Ces avantages sont évalués dans le rapport du GIEC en examinant l’impact d’un report modal vers le vélo pour l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD). Cette figure du résumé pour décideurs du groupe 3 montre ainsi que passer au vélo ou à d’autres transports non carbonés a des effets positifs pour de nombreux objectifs de développement durables.
Quelques détails ci-dessous :
- OOD1 – entretenir et utiliser un vélo coûte peu d’argent, et en tout cas beaucoup moins qu’utiliser et entretenir une automobile utilisée pour des petits trajets.
- ODD5 – égalité des sexe : le développement du vélo est un vecteur de réduction des inégalités hommes-femmes.
- ODD3 – Santé et bien être : si vous faites du vélo, vous le savez déjà. A tel point que le vélo est désormais considéré comme une solution d’adaptation dans le rapport du WGII [groupe de travail n° 2] ! (Vous faites du vélo -> vous êtes en meilleure santé -> vous souffrez moins pendant les canicules… évidemment à condition de ne pas faire 300km un jour où il fait 35°C…)
- ODD11 – villes durables : une ville organisée autour du vélo, c’est une ville compacte, avec des distances domicile-travail-commerces-lieux de loisirs raccourcies, et donc des impacts moins importants pour l’environnement.
Dans le rapport du GIEC, on ne parle pas uniquement d’adaptation et d’atténuation (limiter les émissions de gaz à effets de serre), mais aussi de développement résilient face au changement climatique. L’idée générale : cette transition est bénéfique pour tous : on atteint les objectifs de développement durable (ODD).
Il y a une figure dans le WGII qui présente sous une forme idéalisée un monde dans lequel ce développement résilient face au changement climatique (à droite). Bien sûr, il y a un vélo dans cette vision positive de notre avenir.
On peut se poser la question : oui mais développer le vélo, est-ce faisable ? La réponse est oui. C’est même beaucoup plus facile à faire que beaucoup d’autres mesures tout aussi importantes pour limiter le réchauffement climatique. Évidemment, il y a des situations différentes selon les villes, mais même les villes actuellement dispersées et dominées par l’automobile, il est possible de favoriser les reports modaux, pourvu qu’il s’agisse d’une priorité très clairement assumée. Dans les villes en croissance rapide, une priorité peut être de maintenir les cheminements piétonniers qui existent déjà, ou bien de densifier l’habitat.
Une solution clé : faire en sorte que la plupart des destinations soient accessibles à moins de 10 min. de marche ou de vélo (évidemment, il faut un peu d’espace pour la marche et le vélo).
Végétaliser les cheminements cyclables est une très bonne idée si vous souhaitez faire en sorte que les gens se déplacent à vélo sur des distances un peu plus longues (on parle de quelques kilomètres).
Tous ces avantages étant listés, la littérature scientifique montre également que les obstacles au développement du vélo existent. Nos choix actuels sont souvent contraints par des choix passés. Plus il y a d’espace pour la voiture, moins il est facile de se déplacer autrement. La suite des obstacles : en deux mots, si vous voulez développer la marche et le vélo, vous allez très rapidement constater que la solution la plus efficace consiste à opposer les modes.
Quelles sont les conditions propices au développement du vélo ?
- une réglementation favorable, des investissements aux niveaux régionaux et nationaux
- des plans locaux avec des engagements précis et avec des délais
- des mesures d’accompagnement valorisant le vélo
La mise en place de vélos en libre service peuvent contribuer à réduire les émissions de CO2, sous certaines conditions. On a des exemples qui montrent que cela peut fonctionner.
Une question qui peut se poser : vaut-il mieux effectuer ces transformations urbaines favorisant le vélo de manière progressive ou bien plutôt de manière très rapide ? Nous avons à présent des évidences que les changements rapides sont possibles, et efficaces (modulo que certains territoires sont moins bien préparés que d’autres à cette évolution des choix de transport des gens).
Bref : la meilleure fenêtre d’opportunité pour choisir le vélo et le développer dans votre commune, c’est maintenant.
Remerciements
- Un grand merci Gonéri Le Cozannet et à Valérie Masson-Delmotte.
- Les auteurs remercient : Nada Caud, Katherine Leitzell, Wolfgang Cramer, Yamina Saheb, Nathalie Hilmi, Jean-Baptiste Salée, Karina Von Schuckmann pour les relectures et les recommandations.
Téléchargez la présentation
- Gonéri Le Cozannet et Valérie Masson-Delmotte. Le vélo dans le 6ème rapport du GIEC. Compilation des références au vélo dans le 6ème rapport du GIEC, mai 2022.
Pour en savoir plus
- GIEC. Sixième Rapport d’évaluation du GIEC. Changements climatiques 2022 – Conséquences, adaptation, et vulnérabilité, contribution du groupe de travail n° 2. GIEC : 27 février 2022. [A paraître]
- IPCC, Sixth Assessment Report, Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability, the Working Group II contribution. It was finalized on 27 February 2022 during the 12th Session of Working Group II and 55th Session of the IPCC.
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