Heurs et malheurs de la circulation cycliste sur Tours Métropole et l’Indre et Loire
Les analyses présentées ci-après le sont sur la base des documents réalisés par les services métropolitains associés aux entreprises Ingérop et Transamo, tels qu’ils ont été publiés en août 2023 et discutés avec le CC37 en décembre 2023 et janvier 2024. Les études sont encore en cours, des modifications ultérieures sont donc inévitables.
Saint-Avertin, itinéraire 3
Faute de place, l’accès cycliste à Saint-Avertin se fait dans la circulation automobile par l’avenue de Beaugaillard, à la montée et à la descente, très précisément sur 600 m à la montée et 800 m à la descente. Or la circulation sur cet axe a été évaluée à plus de 10 000 véhicules/jour en 2019 par la société Egis. Mettre les cyclistes dans un tel flux d’automobiles est irresponsable, c’est les mettre en danger voire dégoûter à jamais les plus fragiles, d’autant plus que l’opposition municipale évoque, elle, entre 13 000 et 19 000 passages sur cette avenue, selon ses propres comptages (1).
Quoi qu’il en soit, mettre les cyclistes dans une circulation automobile d’une telle intensité est totalement incompatible avec l’esprit d’un Réseau Cyclable Structurant. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de place, que c’est admissible. Ce n’est pas et ce ne sera jamais un aménagement cyclable acceptable pour le plus grand nombre. Dès lors, ce choix technique métropolitain est vraiment inadapté et nous le récusons.
Nous avons donc cherché et imaginé des alternatives. Nous les avons trouvées, nous les avons proposées à la métropole, qui va les étudier dans les prochains mois. En fait, pour contourner l’avenue de Beaugaillard, nous proposons de faire deux boucles en sens unique qui mettent en sens inverse les circulations automobile et cycliste, faisant se croiser les uns et les autres. Nous les présentons sommairement.
À la montée, cet itinéraire complémentaire passerait par les rues de Grandmont, de la Grand Cour, du Grand Cèdre, ou du Petit Bois et de la Houssaye. Ces rues seraient en sens unique cycliste à la montée et en sens unique automobile à la descente. À la descente vers Tours, elle passerait par la rue Léon Brulon, qui serait en sens unique cycliste à la descente et en sens unique automobile à la montée.
La rue de Grandmont, au bas du coteau, permet de boucler la boucle entre la descente et la montée, assurant ainsi une boucle en sens unique autour de cette partie de Saint-Avertin.
Sur l’avenue de Beaugaillard, seuls sont conformes au référentiel technique métropolitain les 400 m entre la rue du Petit Bois et l’avenue du général de Gaulle.
Cette dernière est équipée sur toute sa longueur de deux pistes cyclables unidirectionnelles depuis de nombreuses années, sauf la courte portion entre la rue Jules Romains et la rue des Cicottées équipée d’une seule piste bidirectionnelle (côté est) et de pictogrammes vélo sur la chaussée, côté ouest.
Seules les intersections ne sont pas conformes aux recommandations du Cerema, cela fait partie du programme de révision en cours de la ligne 4, Saint-Avertin-Ballan. Dès l’été 2023, cette courte section a été refaite, le revêtement de la piste cyclable bidirectionnelle au sud de la voirie a été repris, de la rue Jules Romains à la rue des Cicottées, soit 0,4 km maintenant de qualité, tout comme les 2,8 km restants devant être réalisés dès 2024.
L’itinéraire cyclable 3 se poursuit rue des Cicottées sur 700 m, ce qui est finalement très long car, là encore, dans un flux automobile très important : environ 7 000 véhicules/jour en 2019, toujours selon l’étude réalisée par la société Egis. Aujourd’hui, la circulation des cyclistes se fait par le biais d’une chaussée à voie centrale banalisée ou chaucidou avec des bandes latérales de 1,20, non conformes aux recommandations du Cerema.
Le projet d’aménagement vise à élargir les bandes latérales à 1,5 m, à réduire la vitesse des automobiles à 30 km/h et à faire passer le trafic de plus de 7 000 véhicules/jour à moins de 5 000, en conformité avec les recommandations du Cerema. Dans tous les cas de figure, cette portion d’itinéraire est inacceptable tant la pression automobile est forte, notamment lors des pics de circulation observés par nos soins, le matin et soir aux horaires de pointe.
L’itinéraire bifurque ensuite vers l’impasse de Cicottées où la circulation est très réduite et qui sera aménagée en zone de rencontre. Elle rejoint ensuite le mail Barbara Hendricks où l’espace entre les alignements d’arbres est suffisant pour créer une voie verte qui conserve l’existant.
L’itinéraire bifurque vers la rue Henri Dunant avec une piste cyclable bidirectionnelle sur l’espace enherbé au sud des arbres pour atteindre la rue de Cormery. La rue de Cormery, depuis la rue Henri Dunant jusqu’à la rue Pasteur, soit 0,4 km, est aménagée en voie verte, positionnée du côté ouest de la voirie. Elle est large de 3 m avec un rétrécissement à 2,70 m sur une centaine de mètres, entre la rue des Granges et la rue Pasteur.
Cette voie verte est inadaptée à cette localisation. En effet, cette partie de la rue de Cormery est évaluée à plus de 10 000 véhicules/jour, la pression automobile y est donc très forte. La situation infligée aux cyclistes et aux piétons est répulsive du fait de la proximité et des vitesses pratiquées par la circulation automobile, sans séparation efficace de sécurisation pour les piétons et les cyclistes telle qu’elle peut être recommandée par le Cerema. Cette configuration en voie verte est donc doublement défavorable à son utilisation par les piétons et les cyclistes, car elle ne distingue pas les deux types de flux, confrontant les uns et les autres à des conflits d’usage récurrents, sans isoler de la circulation automobile. Au final, piétons et cyclistes s’abstiendront des pratiques de mobilité active et continueront d’utiliser leur automobile pour rejoindre la zone de commerces de proximité de la commune, en particulier du supermarché, seul de cette envergure sur la commune, à cause de ces 400 m totalement inadaptés.
Dans tous les cas, il apparaît absolument indispensable que la ville et la métropole élaborent de concert un plan de circulation automobile et un plan de circulation vélos pour gérer intelligemment les flux des uns ou des autres. Nos analyses le montrent bien, la situation actuelle est intenable et sans avenir !
La rue des Cicottées apparaît comme un itinéraire alternatif pour les automobilistes venant de l’avenue de Beaugaillard et se dirigeant vers la sortie sud-est de la ville en direction de Loches ou de la rocade sud. Ils ont alors le choix d’emprunter la rue de la Chalonnière ou plus au sud les rues Edouard Branly puis Louis Pasteur pour rejoindre la rue de Cormery. C’est tout cet ensemble qui doit être revu.
Par ailleurs, il convient de noter que la métropole use et abuse d’aménagements de type voies vertes lorsqu’il n’y a pas de place pour implanter une piste cyclable bidirectionnelle et des trottoirs pour les piétons. Qualifier ce genre de bricolage de voie verte est donc au mieux un abus de langage, au pire une escroquerie intellectuelle. C’est encore pire dans cette section de la rue de Cormery, puisque l’aménagement cyclable est réduit à 2,70 au lieu de 3 m. Or ce qui peut être toléré dans une zone de faible usage devient tout à fait inacceptable ici, parce qu’en fait nous sommes dans une zone résidentielle assez dense, à proximité d’une zone d’activités artisanales, d’une zone commerciale et d’un axe de fort transit automobile. En conséquence, s’imaginer que piétons et cyclistes vont utiliser cet itinéraire pour organiser leurs déplacements est pure folie. Ces 400 m sont totalement rédhibitoires pour la pertinence de cet itinéraire 3.
À partir de la rue Pasteur, la voie verte devient piste cyclable bidirectionnelle, parce que les piétons bénéficient d’un trottoir de 1,40 m, sur 400 autres mètres. La proximité avec la circulation automobile ne disparaît pas pour autant, il faut attendre le franchissement du giratoire de la rue Jean-Marie Boivin aménagé en anneau cyclable bidirectionnel, pour voir la piste cyclable s’écarter en contrebas de la voirie et ceci jusqu’au mail de la Papoterie sur Chambray-lès-Tours. À noter qu’une bifurcation vers le chemin de Beauvais devrait être étudiée pour permettre la jonction vers le bois des Hâtes, depuis la zone de la Papoterie par exemple.
Au-delà, pour la suite des aménagements, la priorité du projet métropolitain vers Veigné nous échappe complètement, dans la mesure où rien n’est prêt sur Veigné pour organiser la continuité cyclable. Quant à l’argument de la Scandibérique, il est totalement irréaliste dans la mesure où le problème de cette Eurovéloroute ce n’est pas seulement la portion d’itinéraire Saint-Avertin-Veigné, mais également la portion Veigné-Sorigny qui, elle, est encore moins prête d’être aménagée par la communauté de communes Touraine Vallée de l’Indre.
Voici ce qui est possible de dire pour l’itinéraire 3 sur Saint-Avertin qui paraît peu convaincant.
Saint-Avertin, itinéraire 4
Nous l’avons déjà rapidement mentionné, la commune de Saint-Avertin est également concernée par l’itinéraire 4 et se trouve impliquée par l’itinéraire fantôme à travers l’hôpital Trousseau, dans le prolongement de l’avenue du général de Gaulle. Cette traversée est l’objet de deux blocages : celui de l’hôpital qui ne veut pas que les cyclistes le traverse, la ville de Saint-Avertin qui ne veut pas entendre parler du contournement de l’hôpital par certaines de ses rues.
Lorsque l’on fait le décompte des bus qui traversent l’hôpital et du nombre de professionnels de santé qui s’y rendent de jour comme de nuit en voiture, des taxis et des automobilistes qui y viennent pour un temps de consultation, des livreurs en tous genres ainsi que tous les prestataires de services et les réparateurs d’équipements techniques médicaux ou non, le Collectif Cycliste 37 ne voit pas le problème que pourraient poser quelques centaines de cyclistes, surtout si une piste bidirectionnelle en site propre détermine leur lieu de passage. D’autant que les cyclistes ne seront jamais si nombreux à le traverser, les autres n’y venant que pour travailler à toute heure du jour ou de la nuit, d’autres enfin pour consulter dans la journée. Dans un tel flot de circulation automobile, la part des cyclistes est marginale et édicter une interdiction de circulation cycliste permanente dans l’hôpital est discriminatoire.
Interdire les cyclistes dans l’enceinte de l’hôpital est proprement anachronique : c’est comme si l’hôpital n’était pas concerné par les enjeux du dérèglement climatique et ne devait pas y apporter sa contribution. D’ailleurs, l’hôpital ne brille pas par ses initiatives et ses réalisations dans l’organisation du plan de déplacement de ses personnels, en favorisant les mobilités actives.
Quoiqu’il en soit, l’hôpital sera obligé d’une manière ou d’une autre d’organiser à un moment ou à un autre l’accès de son site à ses personnels à pied et à bicyclette.
Le schéma suivant illustre notre proposition formulée depuis 2015 et qui n’a fait l’objet d’aucune concertation appropriée. Elle emprunte des itinéraires préexistants : elle poursuit la ligne droite de l’avenue du général de Gaulle, elle bifurque vers et longe le bâtiment des archives, contourne le centre de traitement et de régulation de l’alerte ainsi que le centre d’appel du Samu 15, bien protégés derrière leurs grillages, elle rejoint la rue du Chemin Rouge puis la rue Jacques Monod. Ainsi, on se trouve juste en face de la rue Rolland-Pilain déjà aménagée en piste cyclable bidirectionnelle, et dont la traversée de l’avenue de la République, route de Loches, est régulée par des feux tricolores.
Comme nous ne sommes pas idiots, l’expérience de confinement de la pandémie de Covid 19 a bien montré la fragilité de notre organisation sociale et la nécessité de plans alternatifs. Dans le cas de l’accès à l’hôpital, nous ne pouvons pas ignorer l’hypothèse d’une fermeture temporaire. Dès lors, une possibilité de contournement de l’hôpital s’impose. Elle est alors envisageable par les rues de la Petite Alouette sur Saint-Avertin et Félix Dujardin sur Chambray-lès-Tours. Compte tenu de leur utilisation exceptionnelle, nulle nécessité d’aménagements cyclables : un jalonnement et de simples pictogrammes au sol devraient pouvoir suffire. La traversée de l’avenue de la République se fait alors par un plateau traversant prioritaire pour les piétons et les cyclistes, ou par des feux tricolores couplés avec les feux d’accès à l’hôpital, situés à 100 m de là. La continuité cyclable peut être assurée par la rue Marie Laurencin, transformée en vélorue.
Le Collectif Cycliste 37 considère que la situation de blocage autour de la traversée et du contournement de l’hôpital Trousseau est malsaine et immature. Nous sommes en droit d’attendre autre chose de la part de celles et de ceux qui ont la prétention d’organiser notre vie collective et sociale face aux enjeux climatiques.
Par voie de conséquence, nous pouvons considérer que l’itinéraire 4 est pour l’instant en rade du fait de cette interruption de l’itinéraire. Ce sont les cyclistes qui sont perdants puisqu’une discontinuité cyclable est créée de toute pièce.
Ce sont donc 3,2 km de qualité qui sont envisagés sur l’itinéraire 4, essentiellement sur l’avenue du général de Gaulle. Sur l’itinéraire 3, ce sont seulement 0,4 m avenue de Beaugaillard, entre la rue du Petit Bois et l’avenue de Beaugaillard, puis 0,8 m (impasse des Cicottées, mail Barbara Hendricks, rue Henri Dunant) et 1,1 km rue de Cormery (entre la rue Pasteur et le mail de la Papoterie), l’avenue de Beaugaillard et la rue des Cicottées étant totalement exclues de ce décompte du fait de leur mise en danger systématique des cyclistes dans ces deux portions, soit un total 2,3 km de qualité qui sont envisagés sur l’itinéraire 3. Ce qui fait un total de 5,5 km de qualité en perspective sur Saint-Avertin.
Chambray-lès-Tours, itinéraires 1 et 4
La ville de Chambray-lès-Tours bénéficiera de l’arrivée de la seconde ligne de tramway et des aménagements cyclables connexes depuis le carrefour de l’Alouette, sur les routes de Bordeaux et de Loches, au maximum jusqu’à la Papoterie, soit un ensemble d’aménagements cyclables de 5 km d’un seul tenant, correspondant à l’itinéraire 1. Seule une présentation générale nous a été faite par les services métropolitains, nous ne le développerons donc pas pour l’instant faute de documents de travail détaillés, dans l’attente des études techniques en cours. L’ensemble paraît prometteur et de qualité.
Chambray-lès-Tours est traversé d’est en ouest par l’itinéraire 4, Saint-Avertin-Druye, sans continuité cyclable entre l’hôpital Trousseau et la médiathèque communale, soit 1,8 km.
Pourtant, Chambray-lès-Tours a été la première des communes à mettre en œuvre le référentiel technique métropolitain, en transformant de manière remarquable le Chemin Blanc en voie verte urbaine prioritaire pour les cyclistes sur 1,2 km. C’est un modèle qui va pouvoir servir utilement de référence du fait de la qualité de la réalisation.
Autre innovation intéressante, pendant la période nocturne de 23 heures à 6 heures du matin, lors de l’extinction de l’éclairage public sur la commune, un “train de lumière” a été installé sur le Chemin Blanc : chaque cycliste ou piéton présent sur le parcours déclenche l’allumage progressif des candélabres lors de son passage. Ainsi, les déplacements individuels sont éclairés et par là-même sécurisés.
Mais après, rues Théodore Monod et Alain Bombard, les aménagements cyclables sont incertains, sans marquage au sol, même s’ils sont praticables sur 0,6 km.
Donc sur Chambray-lès-Tours, ce sont 1,8 km de qualité qui sont réalisés et 3,8 km d’aménagements de qualité le long du tramway prévus pour 2028.
Chambray-lès-Tours : la grande oubliée de l’itinéraire 3
Nous l’avons vu, l’itinéraire 3 fait l’objet d’une ambition, celle de rejoindre Veigné dont les limites résidentielles sud se trouvent à 7 km du mail de la Papoterie. N’en déplaisent à ses promoteurs, la communauté de communes Touraine Vallée de l’Indre n’est pas prête pour un tel investissement. Du point de vue du Collectif Cycliste 37, la priorité du moment ce n’est pas la relation avec Veigné, mais plutôt la connexion de l’avenue du Grand-Sud aux Gués de Veigné et au-delà à Montbazon, soit 4 km de la Petite Madeleine au centre de Montbazon pour desservir des zones d’habitat denses.
Quoiqu’il en soit, à court terme, l’itinéraire 3 dans sa configuration actuelle, n’a d’autre ambition que communale sur Saint-Avertin et sa réalisation rues de Cicottées et de Cormery est inacceptable du fait de l’intensité de la circulation automobile et de la faiblesse des aménagements cyclables. Dès lors, nous proposons de prendre le problème autrement et de considérer Chambray-lès-Tours comme l’autre branche destinataire de l’itinéraire 3. C’est que montre le schéma suivant.
Pour rappel, l’itinéraire 4 est mentionné en bleu comme devant être réalisé de manière urgente et impérative. L’itinéraire 3 est mentionné en vert avec des sections en rouge du fait de problèmes non résolus. Et au milieu, nous avons tracé en bleu la branche supplémentaire et complémentaire de l’itinéraire 3 que nous appelons de nos vœux.
La grande oubliée du Réseau Cyclable Structurant Vélival, c’est la rue de la Branchoire sur Saint-Avertin qui devient l’avenue de la Branchoire sur Chambray. Sur Saint-Avertin, ce sont deux pistes cyclables unidirectionnelles d’une qualité incertaine sur de larges trottoirs partagés. À partir de la rue Jules Romains jusqu’à la rue Paul-Louis Courier, l’aménagement cyclable devient bidirectionnel, à l’ouest de la voirie, sans place dévolue aux piétons, cela sur 100 m. Avec les changements de commune, rue Paul-Louis Courier sur Chambray, un trottoir réapparaît. Cette configuration, trottoir et piste bidirectionnelle, ne dure que sur 0,6 km.
À hauteur de la rue Horizon Vert, l’aménagement cyclable se transforme en deux pistes cyclables unidirectionnelles jusqu’à la rue de la Barillerie, juste avant le carrefour avec l’avenue de la République, route de Loches, soit sur 0,4 km. Ce carrefour est totalement inadapté à la circulation sécurisée des cyclistes. C’est un véritable point noir.
Dans le sens nord-sud, les plus enhardis vont s’insérer dans la circulation automobile, prendre la file de gauche et filer tout droit pour rejoindre la piste cyclable unidirectionnelle sur l’avenue des Platanes. Les autres vont devoir monter sur le trottoir et rejoindre le passage piétons. Sur le trottoir d’en face, ils vont devoir contourner la maison d’habitation sans aucune visibilité. Ce n’est pas un aménagement cyclable.
Le bilan de cette avenue de la Branchoire n’est pas bon, puisque c’est une voie à plus de 6 000 véhicules/jour que les cyclistes venant du centre de Chambray vers Saint-Avertin vont devoir traverser deux fois pour bénéficier de la continuité cyclable et sans visibilité entre les rues des Vanneaux et des Chardonnerets. L’incohérence de cette situation est totale puisque sur la commune de Chambray se trouve un pôle scolaire privé d’importance : un millier d’élèves plus les enseignants, les personnels éducatifs, administratifs et techniques, du primaire au supérieur.
Les conditions de circulation cycliste apparaissent comme totalement inappropriées et leur état actuel contre productif. L’amélioration qualitative des aménagements cyclables de l’avenue de la Branchoire apparaît comme une nécessité communale, mais également métropolitaine. Nous demandons donc que cette avenue de la Branchoire soit réaménagée dans le prolongement de l’avenue de Beaugaillard sur Saint-Avertin.
L’aménagement cyclable se poursuit avenue des Platanes par deux pistes cyclables unidirectionnelles dont la conformité au référentiel métropolitain devra seulement être vérifiée. C’est ainsi que l’on accède au centre de Chambray, dont l’absence de double sens cyclable rue de la Mairie en fait une discontinuité cyclable dommageable à corriger.
L’allée de la Forêt, l’avenue du maréchal d’Ornano et la rue de l’Hippodrome bénéficient d’une piste cyclable bidirectionnelle dont la conformité au référentiel métropolitain devra seulement être vérifiée. Elles permettent de rejoindre, hors circulation automobile, l’avenue du Grand Sud, première zone commerciale de la Région Centre Val de Loire avec plus de 300 enseignes.
Chambray-lès-Tours est, selon la municipalité, une petite ville de 12 221 habitants dont l’activité économique est celle d’une ville 50 à 60 000 habitants, voire 90 000 habitants en période de fête de fin d’année, du fait de la présence d’importantes zones d’activités commerciales et de l’hôpital Trousseau. Ne pas avoir intégré Chambray-lès-Tours au Réseau Cyclable Structurant de Tours Métropole apparaît comme une erreur majeure qu’il convient de corriger. La branche chambraisienne de l’itinéraire 3 apparaît comme une nécessité impérieuse, tout comme la mise à niveau de l’avenue de Grand Sud, partie intégrante de l’itinéraire 2 Mettray-Chambray.
Joué-lès-Tours, itinéraire 4
Au moment de l’écriture de cette Bicyc’lettre, nous sommes dans l’attente des annonces municipales et métropolitaines pour l’itinéraire 4, plus spécifiquement pour Chambray-lès-Tours, Joué-lès-Tours et Ballan-Miré. Par conséquent, nous n’avons aucune analyse prévisionnelle à proposer faute de documentation fiable fournie, et donc d’annonce de réalisations à faire. Attendons donc !
L’itinéraire 10, La Membrolle-Joué s’arrête aux portes de Joué-lès-Tours au niveau du rond-point Marcel Dassault, aux Deux-Lions. Le plan officiel du Vélival nous montre les deux itinéraires envisagés, le premier à l’ouest qui passe par le centre-ville, le second à l’est qui passe par le Petit Cher et rejoint l’ancien itinéraire du chemin de fer de Vendée pour remonter ensuite le long de la voie chemin de fer Tours-Bordeaux par la rue de Bois Tailhar et le parc de la Rabière.
Dans les documents actuels de concertation, rien n’est prévu pour rejoindre le centre de la ville et prolonger la circulation cycliste le long du tramway jusqu’au boulevard Jean Jaurès, et rejoindre le giratoire Albaladéjo, alors que c’est d’une nécessité absolue.
Le schéma fait également apparaître une portion d’un itinéraire 13, totalement fantomatique qui rejoindrait la gare de Joué, le centre-ville et surtout le lac des Bretonnières en passant au-dessus du boulevard périphérique et surtout traversant le futur quartier d’affaires et résidentiel de l’ancien site Michelin. C’est un itinéraire indispensable, mais qui demandera encore beaucoup de temps pour être réalisé.
Les incertitudes actuelles sont entièrement dépendantes de l’indétermination municipale. Seul projet réellement affirmé et en travaux pour une petite partie : la route de Monts, dans sa partie jocondienne.
Joué-lès-Tours, la route de Monts, itinéraire 10
Avec deux années de retard sur projet initial (2022), la ville de Joué-lès-Tours met en œuvre l’implantation d’une voie verte à l’ouest de la route de Monts, du rond-point de la Borde au passage à niveau de la ligne de chemin de fer de Joué-lès-Tours à Châteauroux. Dans un second temps (2025), la ville de Joué-lès-Tours poursuivra ses aménagements jusqu’au giratoire de la Liodière selon le même concept. À peu près à la même période, la métropole prendra le relais le long de la zone d’activités de la Liodière. Au-delà, ce ne seront que des études préparatoires à discuter avec la communauté de communes Touraine Vallée de l’Indre afin d’assurer une cohérence d’aménagement. Donc trois phases sont prévues en 2024 et 2025, la quatrième étant pour le moment encore indéterminée.
Le projet municipal vise à réaliser un aménagement global et ambitieux de la route de Monts au profit de ses habitants, en reprenant les caractéristiques esthétiques de la première partie déjà réalisée entre le rond-point Albaladéjo et celui de La Borde avec un très gros effort de végétalisation. Les flux automobiles sont séparés avec un terre-plein central végétalisé en continuité de l’existant. Une voie verte de 3 m de large en enrobé clair est implantée du côté ouest de la route et séparée de la voirie par un large espace vert planté. Le cheminement stabilisé actuel du côté est (le long de la clôture de l’ancien site Tupperware) est supprimé, il est remplacé par des espaces végétalisés.
Bien visible sur les illustrations du dossier de concertation, la grande nouveauté consiste à réaliser un carrefour giratoire ovoïde supprimant le carrefour à feux existant, considéré comme peu fonctionnel. Cette solution permet de capter les différents flux (route de Monts, rue des Amandiers, ancien site Tupperware, SDIS) et d’améliorer la sécurité et la fluidité de l’ensemble de la voirie.
Mais surtout le véritable objet, c’est de réaliser des espaces verts généreux et qualitatif côté ouest entre la caserne du SDIS et le passage à niveau SNCF permettant d’éloigner la circulation des habitations existantes, de mettre en place d’un éclairage public efficient et esthétique au regard des besoins des usagers et d’accompagner la réalisation des aménagements par la mise en place de panneaux anti-bruit végétalisés le long des habitations. Ce premier ensemble représente 0,4 km. La vitesse de la circulation automobile est limitée à 50 km/h avec des sections à 30 km/h au droit des carrefours et plateaux surélevés.
La seconde phase concerne la section entre le passage à niveau et le rond-point de la Liodière, ou route des Maisons Neuves et de Ballan, soit 1 km.
La grande innovation de cette section concerne la profonde transformation des deux carrefours de la rue du Petit Moron et de la route des Girardières en un seul grand carrefour giratoire. Pour ce faire, le premier carrefour du Petit Moron va être dévoyé pour le mutualiser avec celui de la route des Girardières et rendre ainsi possible la réalisation d’un giratoire plus sécurisant et plus fluide. La création de ce carrefour sera accompagnée de l’aménagement d’une nouvelle voie dans le champ jouxtant la route de Monts. C’est un vrai changement qualitatif, la situation actuelle étant particulièrement inconfortable et insécurisante.
Une aire de jeux, visible en bas à gauche, à proximité de la rue du Petit Moron (en lieu et place d’un bâtiment démoli en 2021) sera réalisée au sein d’un espace vert qualitatif.
En face, la route des Girardières est élargie dans son tronçon situé entre la route de Monts et le pont de chemin de fer de la ligne Tours-Bordeaux. Elle est sécurisée dans son franchissement par la mise en place de feux tricolores de chaque côté du pont SNCF afin de sécuriser sa traversée par les véhicules.
À l’ouest de la route de Monts, la voie verte de 3 m minimum en enrobé clair est séparée de la voirie par un large espace vert. Elle permet d’atteindre le sud de Joué-lès-Tours en toute sécurité en particulier le complexe sportif des Bercelleries, la zone d’activité de la Liodière, le centre commercial Leclerc et plus loin les Étangs de Narbonne par la voie verte existante le long de la route des Maisons Neuves. Comme précédemment, l’enjeu consiste à réduire les nuisances sonores pour les riverains en accompagnant l’aménagement de murs anti-bruit le long des habitations situées à proximité immédiate de la route Monts et d’embellir les espaces en mettant un accent tout particulier sur le traitement paysager, de mettre en valeur cet aménagement par un éclairage fonctionnel et esthétique au regard des besoins des usagers. Enfin, des noues paysagères sont réalisées entre la route de Monts et la voie verte permettant la récupération des eaux pluviales et leur absorption dans le milieu naturel.
Sur la section route des Girardières – zone d’activité de La Liodière, la chaussée est recalibrée en double sens classique (largeur de chaussée 6,40 mètres). Un trottoir est aménagé côté est entre la route des Girardières et l’hypermarché afin de permettre aux piétons issus des zones résidentielles à l’est de la voirie de s’y rendre aisément, avec la mise en place d’un éclairage public efficient et esthétique au regard des besoins des usagers.
Au droit du carrefour de sortie de l’hypermarché, sens sud-nord, l’aménagement d’un plateau surélevé est réalisé afin de sécuriser la traversée des modes actifs vers le parvis du centre commercial. Par ailleurs, le fossé existant situé actuellement en lieu et place de la future voie douce ouest est remplacé par une tranchée drainante. Deux espaces paysagers qualitatifs sont créés entre les Bercelleries et le centre commercial, marquant ainsi l’entrée urbaine de la ville de Joué-lès-Tours.
Comme on vient de le lire, la préoccupation primordiale de ces aménagements municipaux est de privilégier une image esthétique de l’entrée de ville au bénéfice de ses résidents.
La troisième phase de transformation de la route de Monts est prise en charge par la métropole à partir du rond-point de la Liodière jusqu’au rond-point suivant le long de la zone d’activité, la prolongation jusqu’au carrefour de la route de Narbonne étant sujet à des études complémentaires.
Sur le rond-point, la métropole implante un anneau cyclable bidirectionnel, éloigné de la chaussée, permettant la création d’îlots en amande pour sécuriser les cyclistes, puis une piste bidirectionnelle, toujours à l’ouest de la voirie. La piste est placée au-delà de 4 m à partir de la fin de la chaussée et le début de la bande dérasée droite (zone de récupération). Cette configuration permet de conserver la fosse existante.
À partir du rond-point entre les rues de la Flottière – Liodière et la route de Monts, l’aménagement cyclable change de côté et s’installe côté est, moins contraignant.
Cette dernière section représente 1 km, soit au total depuis le rond point de la Borde : 2,4 km.
Bilan
Les réalisations envisagées sur le plateau-sud sont limitées et réduites à seulement une quinzaine de kilomètres (13,5 km), en laissant un immense vide d’indéterminations et d’incertitudes sur Saint-Avertin pour l’itinéraire 3, sur Chambray-lès-Tours pour la branche oubliée de l’itinéraire 3 et sur Joué-lès-Tours pour les itinéraires 4, 10 et 13.
Par ailleurs, sur Joué-lès-Tours, nous n’avons aucune garantie que les itinéraires cyclables soient prioritaires aux intersections sur la circulation automobile si l’on en juge par ce qui a été (mal) fait au rond-point Albaladéjo.
François Sarrazin, juin 2024
Notes:
(1) Réunion publique de la liste « Réinventons Saint-Avertin » le 18-01-2020.
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