Notamment déployé sur le temps scolaire, le Savoir Rouler à Vélo permet d’apprendre aux enfants de 6 à 11 ans à circuler à vélo en toute autonomie. Quatre enseignants partagent leurs expériences de l’intégration de cette initiative dans leurs écoles.
Initié en avril 2019, le Savoir Rouler à Vélo est considéré comme un « savoir sportif fondamental ». L’ambition est de former chaque année, dès 2027, l’ensemble d’une classe d’âge, soit environ 850 000 enfants. Ce programme, d’une durée minimale de 10 heures, est structuré en trois phases et peut être intégré sur le temps scolaire dans les classes élémentaires.
Après un premier test dans une école du centre-ville, Philippe Barbera, directeur de l’école Heidelberg à Montpellier (34), a pu bénéficier depuis 2022 d’un déploiement du Savoir Rouler à Vélo à titre expérimental dans son établissement situé en zone REP+ : « Quand j’ai découvert le dispositif, j’ai vite fait le parallèle avec le Savoir Nager et son objectif de zéro non nageurs à l’entrée en sixième. J’y ai vu beaucoup d’atouts. Il est essentiel de préparer les élèves à aller seul à vélo au collège en toute sécurité. » Une analyse confirmée par Céline Denêtre, directrice et enseignante des 21 élèves de la classe de CE1-CM1-CM2 à l’école élémentaire de Tassenières, commune du 400 habitants dans le Jura (39) : « Intégrer l’apprentissage du vélo dans nos programmes est aussi essentiel que le Savoir Nager ».
Un enseignement fondamental
Dans l’école élémentaire de Melesse, commune de 7 000 habitants située en Ille-et-Vilaine (35), le vélo est désormais une évidence. Le Savoir Rouler à Vélo y est déployé depuis 2019 et les élèves bénéficient d’une première approche cycliste dès le CP. Un parc a même été spécifiquement aménagé dans la ville pour permettre l’apprentissage du vélo, avec la matérialisation d’un parcours au sol, avec ronds-points. « À Melesse, nous disposons de cheminements adaptés pour permettre aux élèves de se rendre au collège à vélo. Dans une démarche où les enfants sont incités à utiliser le vélo en autonomie, c’est rassurant pour les parents de savoir que les jeunes bénéficient d’un apprentissage dédié », commente Sylvie Regnauld, enseignante de la classe de CM2.
Cette dernière a été étonnée de constater que « si tous les enfants ou presque ont un vélo, tous n’en font pas forcément. Au départ, quand nous avons présenté le projet aux élèves, les premières réactions ont été de répondre : “Mais on sait déjà faire du vélo”. Les enfants se sont cependant rendus compte dès les premiers ateliers que ce n’était pas si facile que cela ».
Le programme se déroule en trois étapes.
- Le premier bloc, « savoir pédaler », se concentre sur l’acquisition de l’équilibre, du pédalage, et des bases de la conduite en milieu fermé.
- Le deuxième bloc, « savoir circuler », introduit la circulation en groupe et la communication avec les autres usagers.
- Le dernier bloc, « savoir rouler à vélo », se déroule sur la voie publique, où les enfants appliquent leurs apprentissages en situation réelle.
Les intervenants : un rôle essentiel
Pour déployer le programme, les enseignants ont pu bénéficier de la présence d’un intervenant agréé. « Cet encadrement permet de réaliser les enseignements dans un cadre très sécuritaire. En trois années, nous n’avons jamais eu une chute, ni lors des exercices, ni lors de la sortie hors de l’école », note Juliette Bourlier.
Philippe Barbera ajoute : « L’association partenaire a organisé un appel à dons et a remis en état les vélos récoltés afin que nous en disposions à l’école. Par ailleurs, l’association a déployé des outils qui enrichissent l’apprentissage et le rendent très concret. Elle a ainsi notamment fabriqué des mini-voitures en balsa dans lesquelles les enfants peuvent prendre place pour les déplacer en marchant et simuler des ouvertures de porte ».
Ce soutien permet également aux enseignants d’appréhender les bases de l’apprentissage du vélo et de monter en compétences : « En tant qu’enseignant, nous sommes là pour cadrer les élèves et animer certains ateliers si besoin. Si je dois remettre en place le Savoir Rouler à Vélo une autre année, je sais maintenant ce qui est attendu et comment le travailler avec les enfants », témoigne Céline Denêtre. « À terme, on peut imaginer que les professeurs animent seuls les premières séances pour permettre aux enfants d’entrer dans la culture vélo, afin de généraliser cet apprentissage dans toutes les écoles », renchérit Philippe Barbera.
Des bénéfices visibles sur l’usage du vélo
À Hendaye (64), au moment du lancement des premières séances du Savoir Rouler à Vélo en 2021, seules deux écoles avaient donné leur accord pour participer, dont l’école élémentaire de La Plage. « Lors de la sortie de 12 km en dehors de l’école le dernier jour, j’ai entendu des enfants dire : “c’est le plus beau jour de ma vie”. Cela m’a confortée à continuer. Ce sentiment de liberté, de pouvoir aller loin à vélo, c’est quelque chose qu’ils n’avaient jamais ressenti », partage Juliette Bourlier, directrice et enseignante de la classe de CM2. L’expérience réussie de l’école de La Plage a fait des émules : aujourd’hui, toutes les écoles de la ville ont déployé le dispositif. Juliette Bourlier a même dû demander un agrandissement du parking à vélo en conseil d’école pour faire face à l’augmentation du nombre d’enfants qui viennent à bicyclette.
L’engouement a été le même à Melesse : « Très rapidement, nous nous sommes rendus compte que l’abri à vélos était devenu trop petit. Nous l’avons doublé de taille et il est toujours plein ! Nous avons largement doublé le nombre d’enfants qui viennent à l’école à vélo. Moi-même, j’utilise désormais le vélo et j’incite mes collègues à faire de même. Il est important que nous changions collectivement nos habitudes pour réduire notre impact », témoigne Sylvie Regnauld.
Une redécouverte des apprentissages et des enfants
Au-delà des bienfaits physiques et environnementaux, Philippe Barbera souligne l’intégration du programme dans d’autres matières : « C’est un enseignement qui est parfaitement compatible avec les savoirs fondamentaux, qui sont notre priorité. Le Savoir Rouler à Vélo, ce n’est pas que de l’activité physique, cela peut aussi être décliné en classe de mathématiques, en lien avec la lecture ou en classe de technologie : la mémorisation est bien meilleure si on étudie le lexique du schéma du vélo en lien avec les séances. » De son côté, Céline Denêtre souligne la dynamique que crée le programme avec ses élèves : « Quand on n’a pas les moyens de faire une sortie en classe verte, c’est comme si une classe verte venait à l’école. Pendant quatre jours, on fait autre chose que de travailler sur un cahier. C’est bénéfique sur beaucoup d’aspects, on redécouvre les enfants sous un autre angle ».
Génération Vélo, un appui incontournable pour déployer le Savoir Rouler à Vélo
Génération Vélo est un allié clé dans le déploiement du Savoir Rouler à Vélo, en facilitant la collaboration entre établissements scolaires, collectivités et intervenants qualifiés. Le programme soutient cette initiative éducative grâce à des financements, l’accès à un répertoire d’intervenants accrédités et des formations spécialisées.
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Source : Génération vélo, décembre 2023.
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