Le décret sur les nouvelles modalités d’aide à l’achat d’un vélo à assistance électrique (VAE) est paru au journal officiel le 31 décembre 2017. La fédération des usagers de la bicyclette (FUB) – qui avait pourtant obtenu des candidats aux élections présidentielles et législatives des engagements sur le maintien de l’aide – dénonce la suppression déguisée qui se cache derrière ce nouveau dispositif qui sera perçu comme injuste, illisible et complexe.
Plébiscité par plus de 250 000 Françaises et Français, le dispositif lancé en février 2017 était simple et universel : 20% du prix d’achat dans la limite de 200 euros, pour tous, sans cumul avec les aides locales. Grâce à lui, les ventes de VAE ont doublé, avec pour conséquences :
- un accès facile à une activité physique régulière bénéfique pour les personnes touchées par la sédentarité, notamment les seniors,
- une solution crédible pour les déplacements de 4 à 10 km, y compris en milieu rural et péri-urbain
- une cyclabilité accessible à tous y compris dans les territoires à reliefs,
- la création d’emplois dans une industrie locale et durable, tout en favorisant le commerce de proximité
Si cette augmentation des ventes peut paraître à première vue suffisante pour lancer une filière industrielle, il faut avoir à l’esprit que le marché français reste en réalité très en retard sur nos voisins belges ou allemands, où les ventes par habitant sont 3 à 5 fois supérieures et continuent d’augmenter.
Avec un budget divisé par 10 par rapport à 2017 (5 millions seulement budgétés sur 2018), la FUB espérait néanmoins une mesure universelle – concernant notamment tout le territoire – et réellement sociale. La FUB proposait notamment que l’aide nationale soit totalement cumulable avec les aides locales, avec une différenciation du montant par tranche de revenus, tout en conservant un socle universel. Déception : la portée du nouveau dispositif sera très limitée, puisque d’une part les conditions à remplir seront particulièrement illisibles et restrictives, et d’autre part le montant sera simplement insuffisant pour le public visé.
En effet, non seulement le nouveau dispositif sera accessible uniquement aux personnes non-imposables – sans pour autant apporter de solution de financement du « reste à charge » – mais il ne sera accessible que pour les habitants de collectivités qui mettront elles-mêmes en place un bonus, et ce à la troisième condition que l’aide totale ne dépasse pas 200 euros et 20% du prix d’achat. Or, les rares collectivités offrant actuellement un tel dispositif versent souvent un montant supérieur à 200 euros, généralement sans conditions de ressources.
Cette situation risque d’être vécue comme une injustice par les ménages non-imposables ruraux, péri-urbains, pour qui le VAE serait particulièrement pertinent, mais dont les collectivités n’ont pas les moyens de financer une telle aide.
La FUB espère que malgré ce signal inquiétant, la stratégie de mobilité que le Gouvernement présentera en février 2018, comportera bien un plan vélo sincère, assumé et financé.
Télécharger le communiqué de presse FUB du 5 janvier 2018.
Extraits de l’argumentaire de la FUB :
« Comme le prouve de nombreuses études, dont celle de l’ADEME, le VAE est doté de nombreux atouts notamment :
- ce vélo augmenté permet de rouler un peu plus vite, mais surtout plus longtemps et plus loin, avec un effort modéré, suffisant pour contrer les méfaits de la sédentarité, mais permettant d’éviter toute hyperventilation ou effet de fatigue
- pratique et simple à prendre en main, le VAE permet de répondre à une part significative des besoins de déplacement quotidiens des Français, quelle que soit la topographie des territoires, et peut participer au report modal tant attendu pour décarboner les transports en France
- ce véhicule hybride électrique/musculaire est économe en énergie et en matériaux : il y a 100 fois moins de lithium dans une batterie de vélo que dans celle d’une voiture électrique
- léger en matériaux, mais dense en travail, le VAE est vecteur d’emplois : 100 euros dépensés dans le vélo contribuant à 15 fois plus d’emplois créés que 100 euros dépensés dans l’industrie automobile. »
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