Retour sur le 23e Congrès de la FUB à Rennes

Après les allocutions d’accueil des élus locaux, c’est un exercice inédit de dialogue entre le ministre chargé des Transports Clément Beaune et des représentants du mouvement vélo qui a ouvert les échanges. Le ministre a rappelé ses priorités à l’approche du premier comité interministériel pour le vélo : parmi elles, l’évolution des modalités de contractualisation pour permettre aux villes, petites et moyennes, et aux territoires ruraux d’être mieux accompagnés par l’Etat dans le déploiement de leurs réseaux cyclables. Affirmant qu’il croit en la capacité du vélo à « redevenir un transport de masse », comme l’ont appelé de leurs vœux le président de la FUB Olivier Schneider et Jean-Marc Jancovici dans une tribune publiée par Le Monde, le ministre s’est toutefois montré prudent face à l’appel à renoncer à une partie significative des investissements routiers au bénéfice du vélo. Karima Delli, présidente de la commission Transports du Parlement Européen, a profité de la présence de l’ensemble de l’écosystème vélo pour présenter la résolution européenne appelant à doubler le nombre de trajets réalisés à vélo d’ici à 2030.

Industrie et infrastructures : des transitions systémiques qui ne peuvent plus attendre

La table-ronde d’ouverture « De l’auto au vélo, penser la transition des emplois » a mis en valeur une coalition d’acteurs très divers engagés pour le développement industriel de la filière vélo, tels que la CFDT et le Shift Project. Le défi collectif est de faire de cette nouvelle économie un véritable moteur de la transition écologique sociale, en donnant toute leur place aux entreprises de l’ESS dont le rôle est essentiel en matière d’éducation et de réemploi, comme l’a souligné Antoine Détourné. Charles Levillain du cluster CyGO, l’union des entreprises de cycles du Grand-Ouest, et Lucile Cousin de la FUB ont rappelé le potentiel de création d’emplois locaux et porteurs de sens au sein de la filière vélo. Le rôle essentiel des employeurs dans la transformation du système de mobilité a été mis à l’honneur, avec le témoignage de sites engagés dans la démarche « Employeur Pro-Vélo ».

Après une soirée riche en rencontres entre les très nombreux professionnels, collectivités et associations présents, Thibault Quéré, responsable du plaidoyer de la FUB, a introduit la plénière matinale par un vibrant appel à repolitiser le débat sur la route et un hommage au travail des associations militantes pour le vélo. Morgane Nicol, experte du think tank I4CE, a rappelé les efforts à réaliser pour être à la hauteur du défi climatique : plus de 3 milliards d’euros d’investissements dans les infrastructures cyclables d’ici la fin du quinquennat. Quels arbitrages doit-on réaliser pour y parvenir ? Le département d’Ille-et-Vilaine assume de renoncer à de grands projets routiers pour dédier 70 millions d’euros au vélo, soit un tiers de son budget d’investissement dans les infrastructures routières.

Vélo en milieu rural, inclusion, participation, éducation…une diversité de thématiques au cœur des ateliers

Huit ateliers thématiques ont donné lieu à de riches échanges entre les participants et la vingtaine d’intervenants venus partager leur expertise. Le succès en nombre d’inscrits de l’atelier dédié au vélo en milieu rural a confirmé la montée en puissance de ce sujet et le besoin de partage d’expériences. L’atelier « Gares et vélos : je t’aime, moi non plus » a dessiné des conditions d’une meilleure collaboration entre AOM, opérateurs et associations pour améliorer l’accueil des cyclistes en gare : une bonne compréhension des jeux d’acteurs et la mise en place de dialogues constructifs à l’échelle régionale. Les ateliers dédiés à l’éducation et à l’inclusion sociale ont acté l’importance de ses sujets dans les réflexions et les actions de la FUB, à travers la promotion du Savoir Rouler à Vélo et le déploiement du programme « Mon Vélo de A à Z ».  

La bataille de la communication, un champ à investir pour le mouvement vélo ?

La plénière de clôture a souligné l’importance des représentations, des images et des émotions dans la permanence de l’hégémonie automobile, ainsi que la nécessité d’investir ce champ pour promouvoir le vélo. Les ordres de grandeur rappelés par l’association Communication&Démocratie sur les dépenses de publicité réalisées par les constructeurs automobiles – entre 2,5 et 4 milliards d’euros/an, soit ce que pèse la totalité du secteur économique du vélo – ont marqué les esprits. La régulation apparait comme un préalable indispensable pour espérer augmenter la visibilité des nombreuses initiatives de production de « nouveaux imaginaires », qu’il s’agisse de la communication des collectivités – comme celle de Rennes Métropole – ou de documentaires indépendants comme « Les Roues du Possibles » de Praxie Design et « Virages vers le Futur » de l’association In’VD. Le Congrès de la FUB s’est ainsi clôturé avec la diffusion du spot publicitaire de promotion du vélo au quotidien produit et diffusé grâce à l’appel à projets de Radio France « Transition en Commun ».

Claire-Marine Javary, chargée du plaidoyer